
Banzo, une exposition pour donner de la continuité à des travaux de Lelia Danziger réalisés entre 2012 et 2014. Orienté par les relations entre la littérature et l’histoire de l’art, thèmes récurrents dans la production de la plasticienne, ce travail est tourné vers le sujet de l’esclavage africain et son empreinte dans la culture et l’histoire du Brésil.
Le mot «banzo», intitulé du projet, a été assimilé au lexique officiel de la langue portugaise dans la seconde moitié du XIXe siècle et signifie « nostalgie mortelle des esclaves africains transportés au Brésil ». Le mot a une origine incertaine, il vient probablement du quimbundo -l’une des langues du groupe banto, parlée en Angola.
Dans le travail deLeila Danziger, le banzo surgit à partir de la découverte d’un livre de contes publié en 1919 par Coelho Neto, écrivain brésilien, qui a été beaucoup lu au début du siècle dernier.
Dans ce livre, émerge une société dans laquelle l’esclavage a disparu, cependant il n’y a pas de lieu prévu pour les noirs libres.Expulsé de la fazenda où il a vécu dès qu’il est arrivé de l’Afrique, l’ex esclave Sabino, personnage de Coelho Neto, a comme unique horizon la charité, l’errance, la nostalgie du temps où sa place était le champ, maintenant pris par le colon blanc.La disparition de l’esclavage ne semble pas donner des résultats satisfaisants aux yeux de l’esclave abandonné. Le banzo décrit parCoelho Neto est alors l’exil dans l’exil–en premier lieu, l’expatriation de l’Afrique, et ensuite, de la fazenda où l’esclave a vécu.
Le livre de Coelho Neto, véhicule un style exagéré et esthétisant, et regroupe des stéréotypes raciaux propres au XIXe siècle.
Ce livre est présenté dans l’exposition Banzo comme muet et tu, réduit à sa condition de vestige, reste d’un passé archaïque.
Un autre volet important du projet Banzoest un ensemble d’images de Jean-Baptiste Debret, artiste néoclassique français qui fut pendant quinze ansle peintre officiel de la Cour portugaise au Brésil. Colonie et Empire. Neveu et disciple de Jacques-Louis David, Debret a cherché à appréhender le Brésil sous l’optique du néoclassicisme, incompatible sous tous ses points de vue avec la société aristocratique et esclavagiste brésilienne rencontrée dans les tropiques.
Dans ce projet, Leila Danziger sélection ne quelques figures des aquarelles de Debret quin’ont été pas choisies pour son album Voyage pittoresque et historique au Brésil, publié à Paris entre 1834 et 1839, après le retour de l’artiste en Europe. « Noire tatouée vendant caju » ou «Noir avec masque de fer » étaient certainement trop exotiques –ou moins –pour intégrer l’album. Ces images sont ici transformées en clichés, tampons, matrices de gravure en linoleum,imprimées en dialogue avec le livre de Coelho Neto.
Effacement, édition, inscription et montage sont les concepts-clés des travaux proposés, orientés par les négociations entre mémoire et oubli et pensés toujours en dialogue avec l’espace d’exposition.